Longtemps confondu avec le rubis, le spinelle regagne peu à peu sa place légitime au panthéon des pierres précieuses. Offrant un véritable kaléidoscope de couleurs, une durabilité remarquable et une histoire fascinante, il séduit autant les connaisseurs que les créateurs en quête d’authenticité.
Cristallisant dans le système cubique (MgAl₂O₄), le spinelle adopte fréquemment la forme octaédrique caractéristique, parfois marquée par la fameuse formation dite « macle du spinelle ». Ses couleurs sont d’une diversité étonnante : rouge, rose, bleu, violet, orange, vert ou encore noir profond. Les variétés rouges doivent leur teinte au chrome, tandis que les bleus vibrants résultent de traces de cobalt ou de fer. Comme le grenat et le diamant, le spinelle est réfractif individuellement, présentant les mêmes propriétés physiques dans toutes les directions cristallines.

En 1783, le minéralogiste Jean-Baptiste Louis Romé de L’Isle identifie le spinelle comme une espèce minérale distincte du rubis. Historiquement, de nombreux spinelles rouges furent pourtant montés dans les couronnes royales en pensant qu’il s’agissait de rubis. L’un des exemples les plus célèbres reste le « Rubis du Prince Noir » des joyaux de la Couronne britannique. En Birmanie, où l’on trouve des cristaux aux formes parfaites, on les appelle nat thwe, ou « polis par les esprits ». Aujourd’hui, le spinelle est même devenu l’une des pierres de naissance du mois d’août.

Avec une dureté de 8 sur l’échelle de Mohs, le spinelle se situe juste en dessous du saphir et du rubis, et offre une résistance idéale pour les bijoux portés au quotidien. Sa brillance naturelle, rarement obtenue grâce à des traitements, en fait un choix privilégié pour les joailliers artisanaux. Les pierres de haute qualité, surtout les rouges intenses ou les bleus cobalt, peuvent atteindre des prix élevés, mais le spinelle reste plus abordable que le rubis ou le saphir de couleur et taille équivalentes.


Sur le plan géologique, le spinelle se forme souvent dans des environnements métamorphiques, comme le marbre ou le gneiss, et apparaît fréquemment aux côtés de rubis et de saphirs. Les gisements historiques incluent Mogok (Myanmar) et le Badakhshan (Asie centrale). Des découvertes plus récentes, telles que les spinelles roses et bleus éclatants de Mahenge (Tanzanie), Luc Yen (Vietnam) ou Madagascar, ont contribué à sa renommée mondiale.
Au-delà de sa beauté physique, le spinelle est apprécié pour sa symbolique : revitalisation, optimisme, compassion et endurance émotionnelle. Chaque couleur porte une énergie spécifique : le rouge incarne la passion, le bleu la sérénité, le rose la tendresse, le noir l’ancrage. Dans les pratiques de lithothérapie, il est réputé clarifier l’esprit, favoriser la pensée positive et renforcer la résilience émotionnelle, tout en s’intégrant facilement aux travaux sur les chakras et la méditation.


Aujourd’hui, les créateurs intègrent le spinelle dans des collections qui misent sur la richesse chromatique, la durabilité et l’histoire. Sa légende — celle d’une pierre longtemps confondue avec le rubis, puis redécouverte — nourrit un récit marketing à la fois mystérieux et raffiné, idéal pour des bijoux qui célèbrent à la fois la beauté et le patrimoine.
Le spinelle, avec son spectre de teintes fascinant, son passé royal et son authenticité, est une pierre tournée vers l’avenir sans renier ses racines historiques. Sertie dans une bague de fiançailles contemporaine ou dans une pièce maîtresse de haute joaillerie, elle offre aux collectionneurs et aux designers l’opportunité de se distinguer par une alliance rare de beauté, d’histoire et de sens.


