Du 10 décembre 2025 au 6 avril 2026, l’Hôtel de la Marine à Paris se métamorphosera en un théâtre de splendeur et d’émotions historiques. Joyaux dynastiques, troisième chapitre d’une trilogie réalisée en collaboration avec le Victoria and Albert Museum, n’est pas seulement une exposition : c’est une rencontre bouleversante avec les bijoux qui ont façonné l’histoire européenne. Ici, les pièces ne sont pas de simples ornements : ce sont des témoins vivants. Ils ont reposé sur les fronts d’impératrices, illuminé des couronnements, scellé des alliances, murmuré l’amour, l’ambition, la réussite et parfois la tragédie.
Pour les spécialistes, connaisseurs, collectionneurs et amoureux de l’excellence joaillière, cette exposition s’impose comme l’un des événements les plus attendus de la décennie.
Un sanctuaire de glamour royal
The Al Thani Collection — réputée mondialement pour son œil curatorial d’exception — ouvre ses portes à des trésors rares, issus à la fois de sa propre collection et des réserves du V&A, dont plusieurs sont présentés pour la première fois en France. Imaginez pénétrer dans un espace où Catherine II de Russie, Joséphine Bonaparte, Marie-Louise d’Autriche ou encore la reine Victoria semblent soudain présentes, évoquées par les bijoux qu’elles ont commandés, portés ou chéris.
La joaillerie, plus que tout autre art décoratif, condense le langage du pouvoir. Dans Joyaux dynastiques, elle devient une force narrative : des saphirs qui ont légitimé une reine, des diamants qui proclamaient l’autorité, des émeraudes venues de l’autre bout du monde, des tiares qui définissaient des époques.
C’est l’exposition que Paris attendait.
Galerie 1 – Pierres précieuses : la géométrie du pouvoir
La première galerie est une ode aux trésors de la nature. Face à la légendaire Star of Golconda — diamant de 57,31 carats d’une pureté fascinante — l’on ressent la vibration même de l’histoire. À ses côtés, la Briolette of India, diamant de 90,38 carats réputé avoir été porté par un maharaja indien, raconte des siècles d’échanges artistiques et de routes commerciales.

Diamant, 57,31 carats
3,82 x 2,41 x 0,72 cm
Collection Al Thani, ATC196
© The Al Thani Collection 2013. All rights reserved. Photography by Prudence Cuming Associates Ltd.
L’un des moments forts de l’exposition réside dans un saphir bicolore de 19,67 carats, mentionné dans les anciens Inventaires des Diamants de la Couronne. Sa teinte mystérieuse, oscillant entre le bleu et le violet, incarne le luxe et l’intrigue de l’Ancien Régime.
Pour les passionnés de gemmes, voir ces pierres autrement que dans des catalogues d’archives est un privilège rare — presque un rite d’initiation.

212,3 carats
6,2 × 5,5 × 0,5 cm
Collection Al Thani, ATC632
© The Al Thani Collection 2016. All rights reserved. Photography by Prudence Cuming Associates Ltd
Galerie 2 – Tiares majestueuses : quand la royauté rencontre la lumière
Cette galerie des tiares justifie à elle seule le déplacement à Paris. Onze pièces exceptionnelles retracent l’évolution de l’élégance européenne, du néoclassicisme napoléonien à l’audace géométrique de l’Art déco.

Petochi, Rome, 1937
Diamants, platine
9 × 21 × 16 cm
Collection Al Thani, ATC156
© The Al Thani Collection, 2018. All rights reserved. Photograph by Prudence Cuming Associates Ltd
Parmi elles :
- les sept éléments en diamants offerts par le futur George IV à Mrs. Fitzherbert,
- la poétique Tiare Leuchtenberg, attribuée à Fossin, imprégnée de romantisme et de l’esprit de Joséphine,
- la somptueuse Tiare Manchester, réalisée par Cartier pour une duchesse,
- et la délicate Tiare Fuchsia Bourbon-Parme, dont la légèreté préfigure la modernité du XXᵉ siè
Face à ces tiares, on ressent le poids — et la grâce — de siècles de couronnements, d’histoires d’amour et d’ambitions dynastiques.

Cartier Paris, 1903
Diamants, or, argent, verre
9,1 × 23,5 × 19 cm
Victoria and Albert Museum, M.6:1-2007
Dation au gouvernement britannique, attribué au Victoria and Albert Museum, 2007
©Victoria and Albert Museum, London
Galerie 3 – Héritage joaillier : amour, lignée et transmission
Voici le cœur émotionnel de l’exposition. On y découvre des bijoux qui ont survécu aux révolutions, aux exils et aux bouleversements politiques — des pièces portées par Catherine II, Victoria ou encore la dynastie Bonaparte.

Londres, 1840-42
Dessinée par le Prince Albert ; réalisée par Kitching & Abud
Saphirs, diamants, or et argent
Victoria and Albert Museum, M.20:1-2017
Acquis grâce à la générosité de William et Judith, Douglas et James Bollinger, offert à la Nation et au
Commonwealth
©Victoria and Albert Museum, London
La couronne de saphirs et diamants de la reine Victoria, dessinée par le prince Albert, est ici réunie avec la tiare d’émeraudes et de diamants qu’il lui offrit en 1845. À elles seules, ces deux pièces racontent une histoire d’amour impériale, cristallisée en pierres précieuses.
Dans la même galerie, la broche rose de Mellerio pour la princesse Mathilde et la spectaculaire broche plume de paon commandée par l’impératrice Eugénie ressuscitent la grandeur du Second Empire.
Cette section n’est pas seulement une exposition de bijoux — c’est une méditation sur la mémoire, l’identité et la force émotionnelle des objets transmis.

Angleterre, v. 1850
Émeraude, diamants, or, argent
Collier : L. 36,5 cm
Boucles d’oreilles : 7,7 × 2 × 1,7 cm
Collection particulière, en dépôt au Victoria and Albert Museum
© Victoria and Albert Museum, Londres
Galerie 4 – Les bijoux du pouvoir à l’époque moderne
La dernière partie explore le XXᵉ siècle, lorsque les couronnes cèdent la place aux nouvelles fortunes et que le langage de la joaillerie évolue. On y admire le Soleil Tiara de Cartier, flamboyante avec son diamant jaune de 32,58 carats, les bracelets Art déco de Doris Duke, ou encore le somptueux ornements de turban du Maharaja de Nawanagar.

Cartier Paris, 1907
Diamant jonquille (32,58 carats), diamants, platine, or
14 × 17 × 9,5 cm
Collection Al Thani, ATC376a-388
© The Al Thani Collection, 2018. All rights reserved. Photography by Prudence Cuming Associates Ltd.
Ces pièces révèlent les dialogues croisés entre les maisons parisiennes et les cours indiennes, où la joaillerie devient un symbole d’innovation, de prestige et de modernité.

Anciennement dans la collection du maharajah Digviyaysinhji de Nawanagar
Cartier Londres, 1937
Rubis, diamants et platine
Collection Al Thani, ATC817
© Christie’s Images Ltd
Pourquoi vous ne pouvez pas manquer cette exposition
Joyaux dynastiques n’est pas une simple présentation : c’est une révélation. C’est une réunion unique de chefs-d’œuvre habituellement dissimulés dans des trésors royaux, des coffres privés ou des réserves muséales. Que vous soyez historien, gemmologue, collectionneur ou simplement amoureux de la beauté, cette exposition enrichira votre regard sur la relation intime entre la joaillerie, le pouvoir, les émotions et la transmission.
C’est une invitation rare à découvrir comment les bijoux ont façonné des dynasties — et comment leur éclat continue d’inspirer.

