Fawaz Gruosi a le don de faire converser les gemmes pour sublimer les femmes. Entre ses racines libanaises et la ville de Florence, où il a grandi, son caractère atypique se dessine. A 17 ans il fait ses armes chez le célèbre joaillier florentin Torrini. Formé ensuite dans les plus grandes maisons comme Harry Winston ou Bulgari, il a lancé sa marque De Grisogono en 1993. Quand il a décidé de sertir des diamants noirs, c’était un succès immédiat. Aujourd’hui, sous son propre nom, Fawaz Gruosi ouvre un nouveau chapitre. Dans sa nouvelle boutique londonienne de Berkeley Square, les vitrines offrent un feu d’artifice de couleurs et de volumes. Pour cette nouvelle collection de haute joaillerie, le créateur amateur de matières iconoclastes convoque un matériau oublié, l’ambre.
Résine fossilisée issue d’un ancêtre du pin, l’ambre peut avoir entre cent et quinze millions d’années. Il n’est d’ailleurs pas rare qu’il contienne des plantes ou des insectes tout aussi vieux. Première matière précieuse connue de l’homme, l’ambre devient si convoité qu’il fait naître une route commerciale à son nom, ouverte par les Phéniciens. Associé à de nombreux cultes liés au soleil, à commencer par Phaéton et son char de feu dans la mythologie grecque, l’ambre accompagne l’histoire de l’humanité, des rosaires médiévaux aux figurines sculptées dont raffolent les cours européennes. Sur les bords de la Baltique l’ambre se dépose depuis des millénaires, ce qui lui vaut d’être appelé l’« or du Nord ». C’est là que Fawaz a rencontré la précieuse résine, si riche en histoire et en symboles.
«Une amie lituanienne m’a initié à la splendeur de ses nuances et de ses transparences. Dans son village de Druskininkai, l’ambre est partout, des artisans le sculptent, des boutiques le vendent. Un peu plus tard, chez un antiquaire milanais, je suis tombé sur des billes d’ambre. Il m’a suffi de les apporter chez moi pour commencer à laisser travailler mon imagination.»
Fidèle à sa liberté créative qui refuse toute hiérarchie entre les pierres pour ne se concentrer que sur leur beauté, leur couleur et leur charme, sans considération de valeur, ni de prestige, Monsier Gruosi réinvente l’ambre et lui redonne ses lettres de noblesse joaillière.
«Aujourd’hui, je travaille l’ambre comme une pierre précieuse. Je trouve que c’est une matière toute aussi fascinante que le diamant puisqu’elle résulte d’un phénomène naturel qui demande des millions d’années. J’aime aussi faire un parallèle entre ses inclusions, composées d’éléments naturels capturés, et l’amour qui s’empare d’un cœur pour toujours. »
Riche en manchettes, joncs, boucles d’oreilles et bagues aux rondeurs caressantes, la nouvelle collection joue avec les tonalités miel qu’offrent les plus belles qualités d’ambre, venues des rives de la Baltique. La légèreté de la matière permet de revisiter les créoles en généreux ovales bordés de diamants offrant un manifeste de sensualité. À moins de choisir ce design inédit qui enflamme la silhouette avec son ampleur soulignée de cabochons aux teintes presque fauves. Gourmandes et organiques, les billes d’ambre caramel couronnent le poignet sur une manchette d’or rose ornée de diamants bruns, quand une ligne d’améthystes scandée de jade taille pain de sucre danse sur une autre manchette ciselée dans 157 carats d’ambre.
Tout aussi fascinant, l’ambre aux accents acajou est coiffé d’un saphir de Ceylan de plus de 9 carats sur une bague laissant entrevoir la peau. Posée sur un corps de bague pavé de saphirs rose, un cabochon oblong dialogue avec l’onyx, tandis qu’une aigue-marine spectaculaire de 23,30 carats encadrée d’ambre est monté sur une bague entièrement sertie de saphirs bleus.
Spontané, le dialogue entre le créateur et les pierres ne se conçoit que dans le plus profond respect du savoir-faire joaillier. Complices depuis plusieurs décennies, les artisans de l’atelier genevois connaissent la pertinence de son intuition. Tout comme Patrick Affolter, l’allié fidèle qui donne vie à ces bijoux iconoclastes où l’opulence de l’Orient rejoint la grâce des trésors florentins. Inviter l’ambre dans une collection de haute joaillerie a signifié de nouveaux défis. Le lapidaire a dû ainsi ciseler cabochons, gouttes et baguettes pour offrir d’harmonieux appairages. Tout aussi virtuoses, les orfèvres ont appliqué sur l’ambre les motifs d’or sertis de diamants, de rubis, de saphirs roses, jaunes ou bleus ou de tsavorites. Aussi visible de face que de dos, l’extrême délicatesse des finitions témoigne du soin apporté à chaque bijou. C’est là toute la magie de la haute joaillerie de Fawaz Gruosi faisant se rencontrer la tradition et l’audace.